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Détails sur le produit
Broché: 400 pages
Editeur : Denoël (8 octobre 2009)
Collection : Médiations
Langue : Français
ISBN-10: 2207261204
ISBN-13: 978-2207261200
Dimensions du produit:
22,4 x 2,5 x 13,9 cm
Moyenne des commentaires client :
3.7 étoiles sur 5
11 commentaires client
Classement des meilleures ventes d'Amazon:
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Très bonne étude, à la fois philosophique, psychanalytique (dans le bon sens du terme), économique et historique d'une des bases de notre post modernité, à savoir l'adjonction du système sadien au puritanisme capitaliste.A lire.
"La cité perverse" est, avec "On achève bien les hommes" et "L'individu qui vient..." (le sommet de son oeuvre), un des meilleurs livre de ce très grand philosophe qu'est Dany-Robert Dufour.Ses livres sont sans doute l'analyse la plus claire, cohérente et parfaitement articulée pour comprendre l'époque qui est la nôtre.
Avec un langage clair, une pensée cohérente, Dufour nous apporte son éclairage sur la situation actuelle de la société; une démonstration brute, sans concession, appuyée sur une très fine connaissance historique du développement des idées.A lire absolument, on peut, chacun à son niveau contrecarrer cette dérive.Dans un second essai, des pistes de survie sont apportées.
C'est une vision très originale et éclairante sur le lent développement d'une mutation commencée il y a trois siècles pour aboutir à l'impasse libérale actuelle de notre société. L'ouvrage met en évidence une sorte de cercle vicieux : le développement d'un individualisme égoïste qui détruit peu à peu la société. La destruction de la société exacerbe les attitudes égoïstes, et ainsi de suite. Pourra-t-on trouver un point d'appui dans la nature humaine qui permettra d'interrompre ce cercle vicieux ? Même si l'état de choses actuel incite au pessimisme, l'inattendu est toujours possible... si je voulais dire quelque chose "d'amusant", comme vous m'y incitez, je citerais cette plaisanterie : deux planètes se rencontrent, l'une d'elles fait remarquer que la pauvre Terre a bien mauvaise mine. L'autre répond, "oui, la pauvre, elle a attrapé l'homme; mais avec le temps ça s'arrange tout seul".(Marie)
Pas besoin d'avoir fait Lettres Sup' pour comprendre ce livre (même si ça aide :))L'auteur a découpé son livre en petits paragraphes, façon Essais de Montaigne, et se veut disert sans verbiage. On peut donc l'aborder sans avoir lu au préalable Freud ou Lacan, expliqués clairement dans le livre.Sur le fond, la théorie de la contamination de l'obscène dans notre société est bien vue, argumentée, et porteuse de sens, illustrée par des exemples récents (2009) qui font mouche.On peut cependant être plus ou moins d'accord avec les analyses économiques elles-mêmes (l'auteur fait remonter le consumérisme à la crise de 1929, et analyse cette dernière comme un problème de débouchés pour les produits industriels, ce qui est une vision engagée, et pas partagée par tout le monde). Pour aller plus loin sur cette question de la naissance du consumérisme, je recommanderais donc davantage l'impressionnant "Puissance des pauvres", très dense et passionnant, mais aussi plus ardu. La Puissance des pauvres
Cette analyse pessimiste de la montée de l'individualisme depuis le milieu du XVI siècle est implacable.Cependant des faits qui peuvent être objectés, comme l'importance des ONG ne sont pas pris en compteMalgré cela ce livre, un peu difficile, propose une explication très argumentée sur la dérive vers un univers sadien de nos sociétés européennes
Dany-Robert Dufour est philosophe. J'ai apprécié les enseignements exposés dans son précédent ouvrage Le Divin Marché: La révolution culturelle libérale de questionnement sur la nature du libéralisme. Nombreux sont les économistes, philosophes et autres penseurs à avoir questionné le libéralisme et son expansion sans limites appelée ultra ou néo-libéralisme dont Serge Halimi Le grand bond en arrière : Comment l'ordre libéral s'est imposé au monde, Jean-Claude Michéa Les mystères de la gauche : De l'idéal des Lumières au triomphe du capitalisme absolu, Jacques Sapir La fin de l'eurolibéralisme, Alain Supiot L'esprit de Philadelphie : La justice sociale face au marché total, Christopher Lasch La Culture du narcissisme ? qui étudie Sade dans son rapport au libéralisme- par exemple.Deux citations ouvrent cette remarquable étude des origines, du développement et la finalité du libéralisme :- "Donnez-moi ce dont j'ai besoin, et vous aurez de moi ce dont vous avez besoin vous-même" - Adam Smith "Richesse des nations"- "Prêtez-moi la partie de votre corps qui peut me satisfaire un instant, et jouissez, si cela vous plaît, de celle du mien qui peut vous être agréable." - Sade "Juliette"Dany-Robert Dufour situe le point de détournement et de renversement de la métaphysique augustinienne - occidentale à Blaise Pascal.Que distingue Saint Augustin dans son ouvrage "La cité de Dieu" ? "La terre serait le lieu de l'affrontement de deux grands royaumes possibles, fondés sur deux amours différents : le premier procédant de l'amour de Dieu poussé jusqu'au mépris de soi (Amor Dei usque ad contemptum sui) et le second, de l'amour de soi poussé jusqu'au mépris de Dieu (Amor sui usque ad contemptum Dei)." Sans doute cette conception binaire du régime de développement de l'Humanité heurte-t-il le chrétien que je suis qui n'oublie pas le commandement divin d'aimer les autres comme soi-même (Mc 12,29-31) qui présuppose que l'Homme doit savoir s'aimer en évitant toutefois les excès de cet amour de soi qui se nomment "amour propre" - Saint Augustin pourtant dans les "Confessions" sait extraire de l'amour propre l'amour de soi "qui ne regarde qu'à nous, (qui) est content quand nos vrais besoins sont satisfaits" et "l'amour propre qui se compare, n'est jamais content et ne saurait l'être, parce que ce sentiment, en nous préférant aux autres, exige que les autres nous préfèrent à eux, ce qui est impossible". (p.57-59). Saint Augustin prohibait donc trois concupiscences : la libido sciendi liée à la passion de voir et savoir, la libido dominendi liée à la passion de s'enrichir et de posséder toujours plus marquée par la pléonexie (l'avidité) et la libido sentiendi liée aux passions des sens et de la chair.Pascal prenant le parti de Port-Royal retiendra que seuls les saints (les élus pour les Calvinistes leurs cousins germains) peuvent se donner à l'amour de Dieu, l'immensité des hommes ne pouvant que faire le mal dans le cadre d'un dessein supérieur, celui de Dieu, qui les conduira au Bien. Comment aider ces hommes à devenir heureux ? "Il ne faudrait, à défaut de la charité, que leur donner à tous un amour-propre éclairé, qui sut discerner ses vrais intérêts, et y tendre par les voies que la droite raison lui découvrait" ("Essais de morale" du philosophe pascalien Pierre Nicole). Oxymore : l'amour-propre est impasse obscure. Comment pourtant le rendre éclairé ? "En faisant en sorte qu'il sache distinguer ses vrais intérêts, c'est-à -dire ceux qui ne se discernent que par le calcul rationnel Un pas considérable vient d'être accompli vers la pensée libérale. Plus même, cette pensée se donne pour projet la conquête du monde : "L'amour-propre éclairé pourrait corriger tous les défauts extérieurs du monde et former une société très réglée" (ibid) - p.111.D-R Dufour conclue que : "Ce que Nicole met au jour, ce n'est rien de moins que le plan secret de Dieu où il s'agit de laisser libre cours à la concupiscence des hommes. Cela pourrait se dire autrement, d'aucuns diront cavalièrement : le plan secret de Dieu est d'inspiration pornographique. Nicole a supposé un Dieu pornographe." (p.112)Le XVII° siècle est caractérisé par une "révolution de la condition humaine" (qui) "correspond au passage contrarié (...) de l'amor Dei et de la générosité (oubli héroïque de soi) à la mise en avant de l'amor sui et à la défense égoïste de ses propres intérêts" (p.121)Pascal a réhabilité dans la souffrance la libido sciendi (première des concupiscences). Nicole et Bayle ont réhabilité la libido dominandi. Mandeville réhabilitera la troisième interdictions de Saint Augustin, la libido sentiendi, dans sa "Fable des abeilles" : faisant notamment la promotion des maisons closes, Mandeville expose que la libération des passions entraîne l'opulence - le contrôle des passions provoque la misère. Adam Smith va non seulement s'inspirer de Mandeville mais le copie éhontément en remplaçant ("remplacer par" sous Word qui n'existait pas alors) le mot "vice" (péjoratif par "self-love" (mélioratif). Remplacez "Les Marchés", terme utilisé abondamment au-delà de tout écoeurement par les media par "dieu" et vous pourrez mesurer la prégnance de la religion libérale dans nos sociétés.D-R Dufour démontre que c'est cette libération des passions/pulsions au cours des XVII° et XVIII° siècles qui a permis l'entrée dans le capitalisme : "Il faut (...) lire les grands traités d'économie du XVIII° siècle, ceux de Mandeville et d'Adam Smith entre autres, comme des traités de philosophie morale qui expliquent que les hommes étant mauvais, ils visent et ils viseront toujours leurs intérêts égoïstes, et ils chercheront toujours à satisfaire leur orgueil et leur amour-propre. Mais au lieu de les réprimer, il faut les 'laisser faire' car une main invisible transfigure leurs vices privés en vertus publiques. Cette nouvelle religion - qui a des racines dans l'ancienne, mais en diffère sensiblement- dit que le mal, les vices, les passions, les concupiscences servent en définitive à la réalisation du bien. C'est la voie choisie par Dieu, qui dans Son infinie sagesse, mène les hommes, en dépit d'eux-mêmes, voire contre eux-mêmes, vers le souverain bien." (p.145)Sade affirmera qu'il ne faut surtout pas s'opposer à la réalisation du plan de la divine Nature. Sade achève le plan de réhabilitation des trois concupiscences et en montre l'issue qui est celle de la tyrannie, achèvement de la perversion (exclusion de l'Autre devenu simple objet de jouissance). Cette loi s'oppose à celle de l'impératif kantien de respect de la dignité de l'autre. Kant et Sade se situent aux antipodes l'un de l'autre. L'abandon de toute moralité (transcendance / Lumières allemandes) au profit de l'affirmation de l'immanence (Lumières anglaises) place donc le sujet dans le rapport de force et d'utilité pour l'autre. 1929 affichera le retour de Sade aux Etats-Unis, par un défilé de jeunes mannequins sur le thème des torches de la liberté : elles brandiront le phallus rougi des cigarettes et les aspireront de manière très éloquente sexuellement. Bernays, le double neveu de Freud, engagea la psychanalyse dans les "public relations" autrement appelées manipulation des consommateurs, au service d'un groupe industriel de cigarettes qui voulait conquérir la moitié de la population jusqu'alors interdite de fumer.Les développements riches et savants de l'auteur sur la psychanalyse et Lacan notamment, ne peuvent se résumer ici."- La libération des passions a transformé toutes les économies où interagissent les hommes : marchande, politique, esthétique, symbolique, sémiotique, psychique, écologique. (...)- Ce qui survient aujourd'hui dans l'économie psychique, la montée de la "perversion ordinaire", est un effet du redéploiement du capitalisme depuis 1929. Après la prolétarisation de l'ouvrier, dépossédé de son oeuvre au cours des différentes révolutions industrielles, eut lieu une prolétarisation du consommateur procédant d'un pompage direct de la pulsion redirigée vers des objets formatés. Ce processus a été rendu possible grâce au développement des industries culturelles chargées de présenter sans cesse de nouveaux objets de satisfaction pulsionnelle. Cette prolétarisation à outrance du consommateur provoque ce qu'on pourrait appeler (...) une chute tendancielle du taux de subjectivation, due à l'exploitation rationnelle de la libido par des moyens industriels, qui épuise l'énergie qui la constitue.- Le lien social actuel se présente sous une forme inédite, égo-grégaire, caractérisée par une mise en troupeau de consommateurs sans cesse amenés vers des sources supposées de bonheur. C'est un troupeau organisé comme une chaîne sadienne de jouissance. Plus la satisfaction pulsionnelle est assurée, plus elle est, comme dans tous les mécanismes addictifs, frustrée et donc relancée. Il en résulte que l'aspiration sociale (et donc la demande sociale) est structurée non plus par une recherche de la levée de l'oppression, mais par une demande de jouissance généralisée. Sitôt que cette dynamique est en défaut, la dépression survient."La finalité de ce renversement métaphysique est prédite et démontée par Sade : "L'entière destruction de [notre] espèce, en rendant à la nature la faculté créatrice qu'elle nous cède, lui redonnerait une [nouvelle] énergie." -p.466-467."Il faut donc reconsidérer la question de la pulsion de mort dans la civilisation."En conclusion, exprimant mon opinion, si le libéralisme s'exprime de diverses façons, toutes se rapportent cependant à Adam Smith. Il importe de savoir que l'auteur ne se pose pas en juge des idées, mais en analystes. Supprimer toute possibilité à l'homme de créer des richesses, suivant ou non d'ailleurs son égoïsme (il ne saurait toujours être exclusif : ne peut-on pas vouloir créer des richesses pour autrui ?), de prendre des risques, de s'aventurer vers l'émergence de nouveautés est certainement tout aussi pervers que d'affirmer comme impératif "Jouis sans entrave !" autrement dit "laisser-faire !". Comme dans toute activité humaine il importe de savoir créer un équilibre entre règles et liberté d'entreprendre. Tuer l'esprit d'entreprise, c'est décidément s'assurer de la misère économique et sociale. La création de valeurs permet si elle est bien utilisée de conforter les capitaux de l'entreprise et de lui assurer une meilleure visibilité sur sa pérennité et celle des emplois. Aussi certaines voies méritent-elles d'être étudiées comme celles du capitalisme coopératif.
Enfilade de vérités vite et mal digérées.... Où l'on apprend entre autre que Pascal était pervers et que ça s'est pas arrangé au fil des siècles. Bon. Heureusement que Dany-Robert Dufour veille!
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